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Musiciens : renaissance

Paulinho da Viola

Avec l’avènement de la bossa nova dans les années 1960, la popularité du choro déclina une nouvelle fois. Le son nouveau de la bossa nova, raffiné et “aristocratique”, soulignait du coup les racines “plébéiennes” du choro et le faisait apparaître peu élaboré et désuet.
Ce purgatoire allait durer jusqu’au milieu des années 1970, lorsque des musiciens brésiliens connus, de différents styles, retournèrent à la musique de leur enfance et recommencèrent à jouer et à enregistrer les choros de la grande époque. Paulinho da Viola, un des premiers à revenir aux sources du choro, enregistra en 1976 le trente-trois tours “Memorias: Chorando”. A la fin des années 1970, le guitariste classique Turibio Santos publia son album “Choros do Brasil,” en hommage à la musique de sa jeunesse, qui suscita l’intérêt des guitaristes du monde entier.


Radamés Gnattali, Raphael Rabello et Paulo Moura

En 1976, “Os Carioquinhas,” avec Raphael Rabello (1962-1995) – alors âgé de 14 ans- à la guitare 7 cordes, remporta un concours de groupes de choro composés de jeunes de moins de 20 ans. Rabello deviendra par la suite un des plus grands virtuoses de la guitare choro.
Il joua et enregistra avec des grands musiciens comme le bandolimiste Déo Rian, le clarinettiste de jazz et choro Paulo Moura, le pianiste et compositeur Radamés Gnattali, et même avec le guitariste de flamenco Paco de Lucía, ouvrant au choro de nouveaux domaines prometteurs, que sa mort prématurée à 33 ans laissa encore à défricher.
Au début des années 1980 le choro avait retrouvé sa vitalité ; son répertoire et ses enregistrements s’étaient enrichis. Une nouvelle génération de musiciens avait été formée et l’importance historique du choro se voyait confirmée. Au cours de cette période faste, le choro sortit du contexte informel des rencontres et saraus chez des amateurs éclairés, pour passer sous les feux de la rampe et monter sur scène.


Camerata Carioca

Groupe instrumental composé à l’origine de Joel Nascimento (bandolim), Raphael Rabello (guitare 7 cordes), Luciana Rabello (cavaquinho), Maurício Carrilho (guitare), Luiz Otávio Braga (guitare), et Celsinho Silva (pandeiro), Camerata Carioca fut créée en 1979 suite à la rencontre avec Radamés Gnattali, un des plus grands créateurs modernes de musique populaire “savante”.
Il en surgit le projet de réorchestrer pour ensemble de choro la suite “Retratos” qu’il avait composée en 1956 pour Jacob do Bandolim. Leur premier disque trente-trois tours s’intitula justement “Tributo a Jacob do Bandolim”.
Par la suite, d’autres musiciens vinrent étoffer le groupe: João Pedro Borges (guitare 7 cordes), Henrique Cazes (cavaquinho), Beto Cazes (pandeiro) et Edgar Gonçalves (instruments à vent). Interprétant un répertoire d’œuvres baroques et populaires, le groupe lança en 1982 l’album “Vivaldi & Pixinguinha”.
En 1983, Camerata Carioca enregistra l’album “Tocar”, dont le répertoire explorait des domaines inconnus jusque là des chorões. Les œuvres d’Anacleto de Medeiros, Pixinguinha et Radamés Gnattali, mais aussi d’Astor Piazzolla et Wagner Tiso, étaient interprétées dans un style “choristique” brillant et original, prouvant que le choro, à l’instar du jazz, était plus une façon de jouer qu’une musique figée une fois pour toutes, un art en constante récréation s’ouvrant à de nouveaux mondes musicaux. Cette même année Camerata Carioca participa aux côtés de l’Orchestre Symphonique de Rio de Janeiro et du Duo Assad, au concert donné au Théâtre Municipal de Rio de Janeiro en hommage à Radamés Gnattali, à qui fut décerné à cette occasion le Prix Shell dans la catégorie “Musique Erudite”.
Toujours en 1983, l’ensemble donna un récital avec Radamés Gnattali et la grande chanteuse Elizeth Cardoso, “Uma rosa para Pixinguinha”, récemment réédité en CD. En 1984, il enregistra son dernier trente-trois tours, “Rapsódia Brasileira”, avec des œuvres de Catulo da Paixão Cearense, Hekel Tavares, Jayme Ovalle et Chico Buarque, entre autres. Par la suite, séparément ou dans de nouvelles formations, tous les membres de Camerata Carioca ont poursuivi une carrière féconde d’instrumentistes, compositeurs, pédagogues, producteurs et éditeurs de musique et de partitions, et joué un rôle très actif dans la diffusion du choro dans les années 1980 et 1990 et jusqu’à nos jours.