Le CHORO, c’est quoi?
Par Oscar Barahona
« Choro: sans doute du verbe portugais chorar (pleurer), mais aussi sans doute du latin chorus et de xolo, danse afro-brésilienne ancienne ». André Diniz, Almanaque do Choro – A historia do chorinho, Jorge Zahar Editor.
Définition
Le choro est une musique populaire instrumentale brésilienne née à Rio de Janeiro dont les origines remontent à la seconde moitié du XIXe siècle, et qui continue à être jouée aujourd’hui, non seulement dans sa ville natale mais aussi dans toutes les grandes villes du Brésil. En tant que style musical national, le choro est antérieur à la samba et à la bossa nova, dont il est l’une des sources. C’est une musique d’une richesse exceptionnelle et d’une importance esthétique aussi considérable que celle du jazz, du flamenco, du tango et des autres grandes expressions de la musique populaire qui s’épanouissent et s’enrichissent depuis la fin du XIXe siècle.
Origine
A l’origine, le choro fut la musique jouée par des musiciens brésiliens cherchant à reproduire à leur façon les musiques de danse européennes, en les mélangeant avec des rythmes venus d’Afrique. Le choro était alors une exécution musicale non écrite, mais il devint très vite un genre de musique instrumentale, en général en 2/4 et en forme de rondo, marqué par un recours à la syncope et à des modulations harmoniques caractéristiques. Aujourd’hui, le choro est une musique en partie écrite qui laisse ouverte la possibilité d’improvisations mélodiques, de variations harmoniques et d’ornementations rythmiques.
Evolution de l’instrumentation
Depuis sa naissance, le choro a été interprété sur une grande variété d’instruments. L’ensemble original, appelé terno, était un trio composé d’une flûte et de deux guitares. Au début du XXe siècle, le choro était déjà écrit pour d’autres instruments comme le piano et, dans les années 1920, il se frotta à ses contemporains nord-américains, le ragtime et le jazz dixieland : des trompettes, saxophones, trombones et contrebasse furent ajoutés à la flûte, la guitare et les percussions locales.
L’ensemble traditionnel de choro, connu sous le nom de conjunto regional, comprend en général 5 ou 6 musiciens. La mélodie est jouée le plus souvent par le bandolim -la mandoline brésilienne-, la flûte ou la clarinette. L’accompagnement est assuré par deux guitares, une de 6 cordes et une autre de 7 cordes dont les lignes de basse contrapuntiques improvisées constituent une des caractéristiques les plus originales de ce genre musical. Le cavaquinho, petite guitare semblable à l’ukulélé, est utilisé comme instrument d’accompagnement rythmique et parfois comme instrument mélodique. L’instrument de percussion principal est le pandeiro, sorte de tambourin, dont le jeu riche en contrastes de timbres combine habilement le son aigu et grêle des lamelles métalliques et le son grave et profond de la peau tendue. Aujourd’hui les ensembles de chorões –comme on appelle les musiciens qui interprètent le choro- sont à géométrie très variable, allant du soliste ou des duos aux grandes formations, et incluant quelquefois des instruments électriques et d’autres instruments de percussion comme la batterie.
Les rodas de choro
Originellement, les conjuntos regionais étaient des ensembles de musiciens non professionnels qui se réunissaient spontanément lors de fêtes privées ou dans des cafés. Les chorões étaient des musiciens très prisés et respectés pour leur maîtrise instrumentale et leur capacité d’invention, souvent des véritables virtuoses qui ne jouaient pourtant que pour le plaisir et en général contre la nourriture et la boisson, tout en gagnant leur vie par d’autres moyens. Même si le genre a évolué depuis, beaucoup de musiciens étant aujourd’hui des professionnels, les rodas de choro, ces rencontres privées de musiciens de choro, continuent à être fréquentées assidûment, constituant même de véritables “universités ouvertes” où ces artistes se forment au contact des meilleurs, conquièrent leurs titres de gloire et forgent leur réputation d’instrumentistes.